Un accueil enthousiaste
Le 24 octobre 2021, l’ensemble les éphémères s’est produit en dernière partie à Périgueux (théâtre de l’odyssée) au cour d’une manifestation rassemblant plusieurs chorales (35ème festival du diapason d’argent).
Critique du musicologue Jean-Yves Rauline
Cette compagnie est en fait un ensemble renaissance/baroque féminin composé de : Florence Monzani : Clavecin; Aurélie Fournier-Merle: Flûtes à bec (alto et basse) ; Pauline Josselin: Mezzo-Soprano / Harpe celtique; Laure Pauliat : Soprano; Morgane Robin: Soprano et Florine Jeannot : La Mort / Les Ombres.
Le spectacle qu’elles nous ont proposé réunissait diverses pièces s’étendant chronologiquement de la fin de la Renaissance aux années 1770, en ce qui concerne la musique savante, anglaise, italienne, espagnole et française, de genres et de styles variés: madrigaux, airs et ensembles d’opéras et divers, chœurs et solos de cantates ou d’opéras,etc. S’y sont ajoutés des chants traditionnels séfarades, irlandais, cubains et quechuas. Au total, 24 pièces, toute reliées par un fil conducteur : une belle histoire d’aventure sur toutes les mers du monde, racontée par un échange de lettres entre deux époux, inspirées de récits de voyages où il est question d’esclavage, de jalousie et de malédiction, où l’on croise des conquistadors espagnols massacrant des Indiens, des séductrices, des esprits du froid et des tempêtes, et où l’on rêve d’un monde meilleur… Les interprètes sont costumés et jouent tous les rôles…
Très beau spectacle en vérité et véritable prouesse en matière d’arrangement pour rendre avec un bel effet et une grande cohérence à la fois des œuvres intimistes pour formation de musique de chambre, voire pour voix et luth, que des chœurs ou des airs d’opéras ou de cantates nécessitant un orchestre complet. La voix de Laure Pauliat a ainsi fait merveille dans le rôle du capitaine de vaisseau, tandis qu’à l’opposé, la présence scénique de Florine Jeannot s’avérait impressionnante dans les rôles de la Mort et des Ombres; Car théâtre et musique étaient intimement mêlés, donnant de la profondeur à ce spectacle et ces êtres inquiétants, avec leurs masques et leurs costumes noirs dénotent que l’on n’a pas attendu l’arrivée d’Halloween pour mettre en scène l’effroi et l’horreur.
Seule ombre au tableau, si l’on peut dire, nombre de spectateurs avaient. quitté le théâtre au moment de l’entracte, de même quelques chorales participantes; si l’on peut admettre facilement qu’il est difficile à un âge certain de faire deux cents kilomètres de nuit en co-voiturage sur des routes relativement étroites et serpentines, il n’en va pas de même pour des plus jeunes… Il est cependant exact qu’il faut s’habituer à écouter ce type de musique pour mieux l’appréhender car derrière ses codes stylistiques rigoureux : elle traduit elle aussi des sentiments humains profonds et universel… La compagnie « les Ephémères »n’a dont pas eu le succès qu’elle aurait pu avoir et peut être serait-il bon de la programmer dans un autre contexte car ces jeunes femmes aux talents multiples méritent d’être plus largement connues…